Les injonctions parentales

Le 14/11/2024

Dans Extraits

1ere couvEn changeant de vie à quarante ans, je pense m’être définitivement débarrassé de l’influence de mes parents et conduire ma vie librement. Mais ce n’est qu’une illusion. Aux côtés de nombreux comportements inconscients se cachent d’autres passagers clandestins originaires de mon enfance. Je ne le sais pas, mais je ne fais que codiriger ma vie avec eux et ils ont souvent le dernier mot.
Ma volonté doit cohabiter avec les injonctions d’êtres que je ne pouvais remettre en cause. Papa et maman ont gravé en moi des croyances qui influencent une grande part de mes pensées, paroles et actions. Leurs directives, verrouillées par la fidélité inconsciente que je leur porte, ont une puissance considérable…

Certaines sont exclusivement paternelles. Elles ont une autorité mâle qui fait naturellement écho en moi et les femmes en sont la principale cible. Exprimées ou suggérées, elles entretiennent confusément qu’elles sont des « chieuses » bonnes à faire des enfants et à s’occuper de la maison. Qu’elles ne savent pas conduire, sont moins intelligentes, et bien d’autres sentences…
Nous n’avons clairement pas d’autre option que reconsidérer la pertinence de nos croyances pour nous assurer que nous avançons vers les objectifs qui nous correspondent. Mais leur lien avec ces injonctions oubliées est difficile à débusquer et il doit s’affranchir d’un obstacle conséquent.
Nos parents nous ont donné la vie et le meilleur d’eux-mêmes avec leur conscience du moment. Cet acte est supposé les nourrir suffisamment pour ne rien attendre en retour. La reconnaissance que nous leur portons ne doit pas nous enchaîner à eux. La seule loyauté dont nous ayons à nous préoccuper est celle que nous nous devons. Pourtant, toucher à une injonction parentale a le goût de la désobéissance et la culpabilité complique l’opération.
La fidélité filiale est une souche difficile à arracher. Le faire demande détermination, honnêteté et discernement. Car bien que le chemin s’initie souvent dans le ressentiment, ce sont les valeurs transmises que nous avons à reconsidérer, pas leur messager. La tâche est ardue si le parent est encore présent, persistant à vouloir les imposer. Mais si son attitude pèse sur la confiance que nous lui portons, elle n’a pas à remettre en question son amour. Quelle qu’ait été son attitude, il a fait ce qu’il a pu dans son contexte comme nous le faisons aujourd’hui dans le nôtre.
Il sera toujours plus facile de se libérer des injonctions parentales dans l’amour plutôt que la colère. L'utiliser peut donner le courage de trancher le lien, mais il est essentiel d’y revenir une fois libéré. Malgré les difficultés de notre enfance, ce sentiment est le ciment d’une famille fondatrice de notre existence et des nouveaux choix que nous sommes occupés à poser.
Renier ses racines sera toujours plus néfaste à la progression que les accepter en apprenant à pardonner...