Qu'est-ce que tu ressens ?

Le 24/09/2024

Dans Réflexions

Je me rappelle ce moment de panique lorsque ma future épouse, que je connaissais depuis peu, m'a demandé. « Qu'est-ce que tu ressens ? » C'était comme si elle me parlait dans une langue étrangère. Je ne comprenais absolument rien… Et pourtant, c'est à partir de cet instant que ma vie a vraiment changé.

Jusque-là, j'avais un lourd passif d'homme enfermé dans des schémas patriarcaux. Ressentir des choses, c'était bon pour les femmes. Nous, les hommes, étions forts parce que nous avions le monde à conquérir. Les états d'âme, la seule pensée qu’il était possible de ressentir quelque chose, ce n'était pas pour moi. Je ne fonctionnais qu’avec ma tête, ma volonté et ma combativité. Sauf que, dans cette relation naissante, ces caractéristiques étaient peu utiles quand elles n’étaient pas franchement nocives.
Quand j'ai cessé de tourner mon énergie vers l'extérieur pour l'orienter vers l'intérieur, ma vie a changé.
D'abord à mon bénéfice. J'ai contacté mes véritables besoins et envies. Je me suis rendu compte que, jusqu’alors, j’avais fonctionné sous l’emprise d'injonctions parentales et sociétales qui m'avaient projeté sur un chemin qui n'était pas le mien. En ressentant, j'ai commencé à le discerner, à y faire mes premiers pas pour m'investir dans des projets qui me correspondaient.
Mon entourage en a aussi profité. En premier lieu les personnes qui m’étaient les plus proches, mon épouse et mes enfants. Parce qu'en tenant compte de mes besoins et envies, je pouvais les nourrir. En les nourrissant, j'étais davantage en paix et dans cet état, j’étais bien plus à l'écoute et bienveillant. Sur le plan professionnel, mes choix sont devenus plus éclairés, mes relations plus solides et conviviales. 
Aujourd’hui, j’ai la sensation que ma vie n’a commencé qu’à quarante ans. « Avant » est à peine un souvenir, lointain et brumeux… Je suis né juste après cette fameuse question, quand j’ai décidé de tourner mon regard vers moi pour commencer à m’intéresser à ce que je ressentais.

Ressentir